Le choix d’un candidat au titre de méritas d’un FRANÇOIS m’est est venu tout naturellement à Cornwall l’été dernier alors qu’encore une fois, malgré ses 85 ans bien sonnés, le Père Édouard Séguin était présent à notre rencontre annuelle.

Je m’en veux un peu de n’avoir pas présenté sa candidature bien avant aujourd’hui. Son amour des Séguin et de l’Association, sa fidélité à nos nombreux rassemblements, sa belle intériorité de prêtre qui met son sacerdoce à notre disposition m’ont fait le considérer comme notre pasteur, notre aumônier.

Édouard Séguin naît à Saint-Clet le 26 novembre 1917, fils cadet de Hilaire Séguin et de Agnès Legault. Après son cours primaire chez les sœurs de Sainte-Anne, il rejoint son frère Antonio au Collège Bourget de Rigaud en 1933. A la fin de son cours classique, il choisit la vie religieuse consacrée chez les Clercs de Saint-Viateur (c.s.v.). Une année de noviciat à Rigaud précède son entrée au Scolasticat de Joliette pour y entreprendre cinq années d’études théologiques. Le 16 juillet 1944, il prononce ses vœux perpétuels. A Saint-Clet le 17 juin suivant, il reçoit l’onction sacerdotale.

Le Père Édouard Séguin débute sa carrière d’enseignant à l’École Supérieure de Montréal en septembre 1946. Moins de deux mois plus tard, il subit une opération. La mort accidentelle récente de son père et sa lente guérison l’obligent à prolonger sa convalescence. En janvier 1947, ses supérieurs le nomment au Collège Bourget de Rigaud…où il réside depuis ce temps, sauf pour quelques années d’études particulières à l’École des Beaux-Arts de Montréal. A Bourget, il enseigne les arts plastiques, mais bien davantage la géographie. Durant une bonne vingtaine d’années, il sera de plus en charge de la confection des décors et à la régie de l’Auditorium du Collège. Quels spectacles grandioses il nous a été permis d’apprécier à l’époque!

Durant les vacances d’été 1954 à 1957, Père Séguin séjourne à Québec pour suivre des cours à l’Institut de géographie de l’Université Laval. Toujours à Laval, au cours des étés de 1961-62-64, il décroche un certificat en science de la terre (géologie-minéralogie).

En juillet 1968, Père Séguin prend une année sabbatique de l’enseignement et s’exile pour un séjour de treize mois à Paris. Il y suit des cours à l’École du Louvre : histoire du dessin et histoire générale de l’Art. A la Sorbonne, il s’inscrit à un bloc de 27 heures de séminaire sur la contribution des techniques audio-visuelles à l’enseignement. En 1971, selon une exigence du ministère de l’Éducation du Québec, il doit réussir des examens pour l’obtention d’un brevet d’enseignement…« après, quand même, vingt ans de pédagogie devant des élèves bien en chair et en os».

Sans être archiviste, il se dit davantage « fouineux» que «classeux». Père Séguin a été nommé aux archives du Collège Bourget durant quelques années. Depuis, il continue, à titre de passionné de l’histoire régionale, à garder l’œil ouvert sur notre patrimoine. D’ailleurs une visite à son bureau du Collège nous permet de répertorier ses multiples documents généalogiques dans une bibliothèque fort bien garnie et d’admirer l’ancienne cloche du Sanctuaire de Lourdes (fondue à Annecy) installée en 1909 à l’arrière de la chapelle de bois sur la colline. De plus, grâce à l’intervention du Père Édouard, un piano Clémenti, légué au Musée du Collège par une héritière de la famille Dumouchel, a pu demeurer dans la région. Après le démantèlement du Musée de Bourget, les C.S.V. ont consenti et signé un prêt de longue durée en faveur de la Maison Tresler. Ce piano, sans doute le premier qui exista dans Vaudreuil-Soulanges, aurait été acheté en 1800 par Ignace Dumouchel, père des célèbres jumeaux pianistes Léandre-Arthur et Édouard Dumouchel, nés à Rigaud le 1er mars 1841 et inhumés à Rigaud après une brillante carrière en Europe et aux U.S.A.

Historien dans l’âme, le Père Édouard Séguin est surtout friand de la «petite histoire» à qui il consacre temps et énergie avec un esprit curieux, chercheur, minutieux et persévérant. Il a été membre de la Société Historique de Rigaud, maintenant dissoute, et est membre honoraire à vie du Centre d’Histoire de Vaudreuil-Soulanges. Depuis le premier regroupement des Séguin à Rigaud en 1990, Père Séguin nous a toujours manifesté sa fidélité. Il était à Boucherville aux grandes fêtes de 1992 et… de presque toutes nos rencontres officielles et amicales : Rigaud, Sainte-Marthe, Hawkesbury, Masson, Saint-Albert, Sudbury, les Cèdres, Pointe-Fortune. Le moment privilégié qu’il a fait vivre à 90 Séguin d’entre nous, demeure la bénédiction de la plaque des Séguin dans l’église de Saint-Aubin-en-Bray en septembre 1993. Adressant une prière à l’ancêtre François, il dit :«…c’est pour rappeler ton courage que les Séguin d’Amérique ont fait installer cette plaque et c’est avec une très grande émotion que je la bénis en ton honneur».

Merci Père Séguin pour votre immense attachement à notre association et votre grande disponibilité à célébrer l’Eucharistie lors de nos retrouvailles. Vous êtes notre paratonnerre spirituel par vos 60 années de vie consacrée.

Quelle chance nous avons de côtoyer cet homme fidèle, fier de ses origines, fin raconteur, délicat et prévenant et qui sait manipuler l’humour avec doigté et facilité.

Hommages au Père Édouard…un pur, un grand, un authentique descendant de François.

Arbre généalogique d'un Séguin

Édouard Séguin #144